La révolte du papier timbré (une révolte urbaine)
On désigne sous le nom de «révolte du papier timbré» les troubles qui agitèrent la Bretagne en juillet 1675, après l'imposition par Colbert, sans que les États y aient consenti, d'une taxe sur le tabac et la vaisselle d'étain, et par la création d'un papier timbré spécial exigé pour les actes authentiques et judiciaires.
Ces mesures avaient été prises pour renflouer le trésor royal, vidé par les dépenses de la guerre de Hollande et les dépenses de la cour de Versailles.
Cette aggravation de la fiscalité royale fut très mal accueillie par les Bretons, non seulement parce qu'elle bafouait l'autonomie de la province, consacrée par le traité de 1532, mais surtout parce qu'elle accablait sous de nouvelles charges une population déjà écrasée de misère. La révolte éclata à Rennes, où les habitants des faubourgs saccagèrent les bureaux du tabac et du papier timbré, et lapidèrent la résidence duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne nommé par le Roi (sorte de préfet actuel).
La révolte en basse-Bretagne
Elle débouche rapidement sur une remise en cause de toutes les nouveautés fiscales récemment établies pour financer la guerre de Hollande (1672-1678), en particulier la taxe sur le papier timbré. Dans les jours qui suivent, des secousses secondaires apparaissent à Saint-Malo, Nantes et Guingamp puis la contestation s'étendit gagne les campagnes du pays bigouden et de Cornouaille: l’absence de réaction en Bretagne permet au mouvement de s’étendre et de déborder sur le Léon, le Trégor et le Vannetais. Ceux que l’on appellera bientôt «les bonnets rouges» s’en prennent comme en ville aux nouveaux impôts et profitent en outre du rapport de force favorable pour obtenir des seigneurs des aménagements de rentes. Quelques châteaux et presbytères sont pillés. Les révoltés du pays bigouden proclament l’abolition des impôts nouveaux et des abus seigneuriaux dans un texte resté célèbre sous le nom de «code paysan». Vers Carhaix, l’attaque du puissant château de Kergoët provoque un choc chez les autorités qui espéraient jusque-là calmer la révolte sans recourir à la force.
L’intervention militaire
C’est alors que le duc de Chaulnes, demande à Louis XIV l’envoi de troupes. Les Dragons du Roi (10.000 hommes) furent dépêchés… C’est à Rennes que la répression fut la plus rude. Plusieurs membres des milices bourgeoises, qui avaient pris les armes sans ordre, ou contre les ordres, sont exécutés, afin de montrer que l’usage de la force ne peut se faire sans l’aval du pouvoir royal. Le faubourg jugé le plus turbulent est évacué. Rennes perd 20% de sa population.